Les 8 et 9 mars 2014, j’ai eu l’honneur et le plaisir de participer à une mission planétaire au télescope de 1 mètre du Pic du Midi, menée par Marc Delcroix, Président de la Commission des observation planétaire de la SAF. Petit compte-rendu!
Le télescope de 1 mètre de l’Observatoire du Pic du Midi est un instrument professionnel qui historiquement, a été installé (en 1963) pour réaliser des photographies à haute résolution de la surface lunaire, en prévision des missions APOLLO. C’est d’ailleurs la NASA qui a financé la construction du miroir primaire. Il s’agit d’un télescope de type Cassegrain, mais avec un foyer Nasmyth, c’est à dire qu’entre le primaire et le secondaire hyperbolique, on trouve un miroir plan comme celui d’un newton, qui renvoie la lumière sur le côté du tube et non derrière le primaire. Ici sur l’image de droite, le foyer avec une platine portant différentes instrumentations est à gauche, dans l’axe de rotation de déclinaison. La focale au foyer est de 17 mètres (F/D 17).
L’instrument tout au long de son histoire a produit d’excellents documents planétaires. Personnellement, je me souviens des premières images de Mars en CCD prises lors des apparitions de 1988 et 1990, le suivi de Jupiter pour la mission Galileo, la découverte de la fusion BC/DE sur Jupiter en juin 1998…
Des images CCD de la dernière décennie peuvent être vues sur le site du Planétarium de Saint-Etienne.
Depuis deux ans, François Colas, astronome à l’Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides (IMCCE) accueille des observateurs amateur pour continuer à utiliser cette superbe instrumentation, dans le cadre du suivi de certains phénomènes, et en tenant compte du renouveau des études planétaires depuis la surface terrestre dans laquelle les amateurs se sont illustrés ces dernières années. Le suivi des planètes géantes est un sujet qui nous intéresse particulièrement Marc et moi évidemment. En 2012 et 2013, l’équipe avait déjà obtenue des images méthane de Jupiter à couper le souffle, des images de Saturne, d’Uranus et de Neptune qui servent de référence.
Malheureusement nous n’avons pas bénéficié de bonnes conditions, mais on a quand même pu réaliser quelques travaux. Jupiter était la première cible de la nuit à chaque fois. Faute de pouvoir faire de la haute résolution, l’idée était quand même de continuer la surveillance de la planète dans le but de rechercher d’éventuelles fireballs, pour cela évidemment les nombreux films réalisés ont été passés au crible du logiciel DeTeCT crée par Marc.
On a quand même pu obtenir des images méthane plutôt sympathiques, ci-dessous Jupiter avec deux de ses taches rouges (NNTZ en haut, et le ROZ (ancien WSZ) plus bas à gauche, vraiment très brillant dans cette bande, et Saturne, que Marc a photographié en choisissant de surexposer délibérément l’anneau B, car le globe de la planète est extrêmement sombre dans cette bande.
La planète Mars était évidemment bien situé pour l’observation en milieu de nuit. J’avais comme projet de montrer l’évolution des nuages martiens sur plusieurs heures avec un filtre bleu, mais là encore les conditions ne s’y prêtaient pas. Malgré tout, la planche d’images révèle la ceinture aphélique de nuages, les nuages de Tharsis très brillants vu par la tranche, et d’autres choses.
Enfin, terminons en disant qu’on ne monte pas au Pic que pour l’Astronomie ! La beauté des lieux est époustouflante, surtout quand on la découvre pour la première fois comme moi… Ci-dessous, un spectacle classique mais dont on ne se lassera jamais : l’ombre du Pic au coucher du Soleil !