La planète Mars sera à nouveau en opposition avec le Soleil, le 8 avril 2014 ! Voici quelques phénomènes à observer…
Mars sera en opposition dans un mois et demi et est d’ores et déjà bien observable puisque son diamètre apparent a dépassé les 10 secondes d’arc. Elle atteindra un maximum de 15,2″ du 12 au 17 avril (Mars se trouve sur la partie de son orbite qui se rapproche du Soleil, son diamètre apparent maximum est donc atteint quelques jours après l’opposition). C’est encore peu, une seconde d’arc de mieux qu’en 2012, mais c’est la dernière fois qu’on la verra dans de bonnes conditions depuis la France, puisqu’en 2016, elle sera très basse sur l’horizon.
Pour ceux qui voudraient aller plus loin, je recommande la lecture de différents articles parus dans la revue Communications in Mars Observations (CMO) écrits par Masatsugu Minami, Masami Murakami ou bien moi-même. Les liens figurent au sein de cet article.
C’est l’été dans l’hémisphère nord
Le solstice d’été dans l’hémisphère nord (Ls 90) de Mars a eu lieu le 13 février (l’équinoxe d’automne Ls 180 sera atteinte le 13 août prochain). C’est donc seulement cette saison que nous allons pouvoir observer cette année, alors qu’en 2012 nous avions pu voir la fin du printemps, et qu’en 2016 nous serons en mesure d’assister au passage de l’équinoxe.
La calotte polaire nord est réduite à sa taille minimale. Lire l’article CMO (n°409) sur la dernière apparition : Thawing Aspect of the 2011/2012 North Polar Cap.
Les phénomènes visibles sont les mêmes qu’en 2012…
Les nuages orographiques au-dessus des volcans
Ces nuages se forment au-dessus des volcans de Tharsis et d’Elysium à partir du midi martien et se développent jusqu’au soir. Ils nous accompagneront jusqu’à la fin de cette apparition mais ils disparaîtront courant juin alors que la planète passera le milieu de l’été boréal.
Nuages orographiques sur Mars en 2012 (fin du printemps / début de l’été nord). A gauche, au-dessus des volcans d’Elysium. Au centre, au-dessus de Ascraeus Mons. A droite, au-dessus de Ascraeus, sur le limbe, et Olympus Mons, à l’ouest.
Pour en savoir plus, vous pouvez lire l’article paru dans le numéro 406 de la revue CMO : Trend of the Tharsis Orographics at Late Northern Spring
La ceinture aphélique de nuages
Il s’agit cette fois d’un phénomène plus discret, mais présent sur toute la planète : une ceinture équatoriale de nuages que l’on désigne plutôt par le terme « aphélique » car elle n’est visible que lorsque Mars est loin du Soleil, comme en ce moment. Elle est due à la présence d’une grande cellule de Hadley qui entraîne l’air en altitude au niveau du tropique du Lion, sur Mars, et le fait redescendre dans l’hémisphère sud d’hiver. Parvenu au plus haut, le peu de vapeur d’eau contenu dans l’air se condense en nuages.
Cartographie amateur de la ceinture aphélique de Mars en 2012, obtenue avec des images bleues d’Efrain Morales, Damian Peach, Christophe Pellier, Yann Le Gall. Lire l’article dans la revue CMO n°401 : The Aphelion Cloud Belt During
the 2012 Apparition of Mars
Le bassin de Hellas pris dans les glaces
Le bassin de Hellas gèle littéralement après le solstice d’hiver austral. Sur son sol, les températures sont tellement froides en hiver que le dioxyde de carbone de l’atmosphère parvient à se condenser en neige carbonique. La glace disparaîtra dans quelques mois quand la planète sera plus proche du Soleil.
Le bassin de Hellas gelé (avec également des nuages polaires) est visible sur ces images prises le 1er avril 2012
A ce stade, Hellas est une véritable extension de la vaste calotte polaire sud hivernale, que nous ne voyons pas car elle est située dans la nuit martienne.
Lire la synthèse 2012 dans le numéro CMO 410 : Winter State of the Hellas Basin
Brumes et brouillard
Au matin et au soir martien, on peut voir beaucoup de nuages éphémères, qui disparaissent avec le lever du jour ou bien qui au contraire se forment peu de temps avant le coucher du Soleil. Les brumes les plus spectaculaires sont celles qui se forment dans Tharsis le matin, car non seulement elles sont très brillantes mais en plus on peut y observer les sommets des volcans qui pointent au-dessus des nuages !
Evolutions des brumes matinales dans Tharsis en mars 2012. les volcans apparaissent comme des points sombres qui percent les brumes situées plus bas.
Ce phénomène n’est visible qu’après l’opposition, quand le matin martien devient observable depuis la Terre.
A lire dans la revue CMO : Bright Morning radiation fog inside Tharsis et Shadowy Summits of Tharsis Montes and Olympus Mons Poking out from the Morning Mist.
Le « nuage de haute altitude »
Voici un phénomène 
particulièrement surprenant qui a été largement commenté par les amateurs en 2012 (il a cependant été observé auparavant, notamment par le HST), en particulier sur des images prise par Wayne Jaeschke aux Etats-Unis à la mi-mars. Un phénomène qui se détache au-delà du disque lumineux de Mars, et que l’on suppose être un nuage de très haute altitude ! Lire sur son propre blog son article A martian Stumper.
Ci-contre : un nuage de haute altitude observé en 1999 par le Télescope spatial Hubble. La saison est équivalente (Ls 104)
Les dépressions spirales polaires
En 1999, le HST a fait une image assez sensationnelle où l’on semble voir une sorte de cyclone près du pôle nord de Mars. Même si le terme n’est pas approprié (il n’y a pas d’océans sur Mars et il ne s’agit donc pas d’un cyclone comme on l’entend sur Terre), il reste que la forme spiralée est assez étonnante. Certainement une dépression assez vigoureuse. Il s’agit là d’un phénomène du plein été boréal martien, et qui survient régulièrement au-dessus de Mare Acidalium. Qui sera le premier à le photographier ? :)
Image du HST du 27 avril 1999 (Ls 130).
Ces nuages semblent commencer à se former à partir de Ls 120, ce qui signifie à partir du 20 avril 2014 pour cette fois.
A lire dans la revue CMO : A Pre-Polar Spiral Cloud at Early Northern Summer et How about in 2014 Such Cyclones near Baltia Which was Chased in 1999?
La semaine prochaine : mes conseils techniques
