Je suis retombé récemment sur certains articles publiés sur le site web de la Planetary society. Ce site accueille plusieurs blogs, dont celui d’Emily Lakdawalla qui publie régulièrement des articles de grande qualité – je présente ici quelques informations au sujet d’Uranus qui devraient nous servir en tant qu’observateurs…
Depuis deux ans, Uranus est une planète qui est en train de devenir un sujet d’observation plus régulier de la part des amateurs chevronnés, qui y photographient des bandes en lumière rouge. Je dis toujours que pour être un bon observateur il faut avoir un minimum de connaissances sur les planètes elles-même, ce qu’on y voit, ce qui s’y passe. Mais où trouver de bonnes informations sur Uranus, une planète qui est encore en phase de complète découverte de la part même des scientifiques ? Le blog D’Emily Lakdwalla et quelques autres blogs invités présentent justement de telles informations et j’en recommande la lecture.
De la « déception Voyager » à la découverte d’un monde actif
La sonde Voyager 2 est passée à côté d’Uranus en 1986. Après la spectaculaire Saturne et avant la surprise de la dynamique atmosphère de Neptune trois années plus tard, les images retournées par la sonde on été déçevantes, montrant une atmosphère quasiment sans aucun détail et donc d’un niveau d’activité très faible.
Il est vraisemblable que l’orientation très spéciale de la planète était responsable de cela. En effet, l’axe polaire d’Uranus est presque complètement couché sur son orbite – près de 98° d’inclinaison ! Et en janvier 86 au moment du passage, le pôle sud d’Uranus était complètement tourné vers le Soleil (c’était pratiquement le solstice d’été – voir la comparaison à droite avec 2013, en simulation WinJupos). Mais au fur et à mesure que la planète se rapprochait de son équinoxe de printemps boréal de 2007, et que les observateurs terrestres se dotaient de moyens d’observation plus modernes, notre vision de la planète a commencé à changer !
Le télescope spatial Hubble a réalisé régulièrement des images d’Uranus dans les deux dernières décennies, mais les résultats les plus spectaculaires ont été obtenus depuis le sol grâce à l’optique adaptative au Keck. Dans l’article « No longer boring » (fini l’ennui !) on apprend ainsi que l’exposition permanente et homogène de l’hémisphère sud vers le Soleil en 86 avait vraisemblablement entraîné la formation « d’une brume créant une atmosphère stratifiée empêchant les mouvements de convection ». La situation au cours des années 2000 change puiqu’au Keck on commence à observer dans l’infrarouge de nombreuses petites taches brillantes qui sont le signe de la reprise d’une activité de convection (la convection apparaît si on a des différences de températures entre masses d’air).
Quelles perspectives pour les amateurs ?
Dans les toutes dernières années (2011, 2012), de nouveaux spots ont été observés. Du reste, le plus brillant de ces cumulonimbus locaux, développé à l’automne 2011, a été photographié au T1m Pic du Midi, avec une instrumentation pourtant loin d’autoriser la fabuleuse résolution du Keck… Ci-contre à gauche, une superbe image de la tempête prise par le Télescope Gemini.
A l’heure actuelle, la résolution atteinte par les meilleures images amateur (voir ci-dessous) pourrait être suffisante pour détecter de telles tempêtes si elles atteignent une dimension similaire. De même, le suivi dans les variations des bandes nuageuses est certainement à notre portée. Décidément non, Uranus n’est plus une planète ennuyeuse !
Comparaison d’une des images prises au Pic du Midi en 2011 avec le spot brillant (copyrigt: S2P/IMCCE/OMP/Dauvergne/Rousset/Colas/Meza/Tozi) et une sélection des meilleures images amateur actuelles par Albéric de Bonnevie, Jean-Pierre Prost, Damian Peach et Stefano Quaresima. Cliquez sur l’image pour la voir en taille réelle.