Je suis revenu ce week-end de ma participation à la session amateur du European Planetary Science Congress (EPSC) 2013, un grand moment d’astronomie pour les amateurs mais pas seulement !
C’est la deuxième session amateur de l’EPSC de l’histoire (même si des prémices ont eu lieu en 2011 à Nantes, cette session n’existe officiellement que depuis l’EPSC 2012 à Madrid). Pour avoir également participé à la session de l’an passé dans la capitale espagnole, je peux attester du fait que celle de cette année a été bien plus passionnante encore :). Mais quel est l’intérêt de cette session au juste ?
Montrer les derniers résultats scientifiques auxquels participent des amateurs
C’est l’objectif le plus évident. Plusieurs conférences avaient pour objet de présenter des résultats concrets obtenus dans des travaux qui incluent des amateurs.
La session a commencé par une présentation par Ricardo Hueso Alonso, de l’Ecole technique supérieure d’ingénierie de Bilbao (en remplacement de François Colas, malheureusement empêché) d’un gros travail dirigé depuis plus d’un an par Olivier Mousis (observatoire de Besançon): la rédaction d’un article (soumis à la revue Experimental astronomy) qui a pour objet de répertorier l’ensemble des sujets de coopération possible entre professionnels et amateurs dans le domaine de l’étude du système solaire. L’article qui a été co-écrit par près de 60 auteurs pros et amateurs est d’une densité et d’une richesse surprenante… espérons que sa publication ne prendra pas beaucoup de temps !
John Rogers, Directeur de la section Jupiter de la BAA, a dévoilé des résultats relatifs aux bouleversements intervenus depuis deux ans dans l’hémisphère nord de Jupiter, au niveau de la Bande équatoriale nord (NEB) et de la Bande tempérée nord (NTB). La région semble présenter des changements en profondeurs avec des évènements inédits depuis plusieurs décennies. Un travail rendu possible en très grande partie par les contributions des amateurs au projet Jupos. Oui, nos images servent bien à quelque chose !
Dans le même ordre d’idées, Marc Delcroix, Président de la commission des observations planétaires de la SAF a présenté le travail obtenu depuis un an (avec également Ricardo Alonso) sur le Projet DeTeCt, un projet qui vise à rechercher dans les vidéos de Jupiter prises par les amateurs, des flashes d’impact d’astéroïde qui seraient passés inaperçus. Pour cela un outil d’une grande simplicité d’utilisation est mis à leur disposition : le logiciel DeTeCt (voir sur la page) qui travaille pratiquement tout seul. Si vous avez envie de devenir célèbre ;) en même temps que de participer à un vrai travail de recherche scientifique (il s’agit d’accroître la précision de notre estimation de la fréquence de tels évènements), je vous encourage vivement à vous en servir… Etes-vous bien sûr qu’aucun trésor ne se cache dans vos vieux AVI, ou vos prochains SER ? ;)
Présenter des techniques d’observation avancées, pour notre progression à tous
Manos Kardasis, de l’Association astronomique héllénique, a synthétisé sa pratique de ce qu’il appelle la DDO, Digital Daylight Observation (observation numérique en plein jour). Les phénomènes planétaires ne s’arrêtent pas parce que la planète est proche du Soleil, ou bien parce que ce dernier n’est pas encore couché, ou déjà levé ! Il y a des techniques à mettre en oeuvre pour réaliser des observations planétaires en plein jour, et l’astronome peut en être récompensé en enregistrant des phénomènes importants. C’est de cette façon que Manos a découvert, au printemps 2012, le début de la réanimation de la NTB sur Jupiter…
Proposer des travaux réalisés par des amateurs
Durant cette session, j’ai eu le plaisir de décrire des études conduites depuis un an avec l’astronome belge Giuseppe Monachino sur les observations amateurs de Vénus dans le proche infrarouge. Vénus est une planète encore peu connue et les amateurs peuvent (comme sur toutes les autres planètes !) faire des choses très intéressantes.
Enfin, Richard Miles (BAA) a exposé les résultats obtenus de mesure photométrique des astéroïdes de la classe Thémis. Une excellente démonstration du potentiel des amateurs dans ce domaine un peu différent.
… et rencontrer les amis observateurs :)
Ce n’est pas de la science mais ça compte au moins pour la moitié de l’intérêt qu’il y a à participer à ce genre d’évènements ;) c’est une occasion en or de rencontrer des astronomes d’autres horizons, certains venant parfois de très loin. On se parle toute l’année via internet mais ça ne remplace pas des discussions de vive voix, et quelques bons partages de repas ou de bières locales ;). Au plaisir de tous vous revoir !
NB: Marc va bientôt publier sur une page dédiée un compte-rendu complet de l’EPSC avec les différentes conférences
Les observateurs planétaires en plein brainstorming. Merci à Manos pour la photo !