L’année 2012 a vu les astronomes amateurs franchir une frontière en photographiant pour la première fois de façon non ambigüe des détails sur la planète Uranus. En 2013, il est possible que ce soit le tour de Neptune !
Mais que peut-on voir sur Neptune ?
Neptune est une planète qui est assez similaire à Uranus, dans le sens où sa couleur très froide (bleue) indique une forte absorption des grandes longueurs d’onde – rouge et infrarouge. Comme pour cette dernière, c’est donc dans ces couleurs que la planète montre ses détails les plus contrastés. Le télescope spatial Hubble et certains observatoires professionnels terrestres y dévoilent depuis de nombreuses années des bandes plus moins complètes et des taches. Les astronomes soupçonnent même une évolution saisonnière : depuis le début de la décennie 2000, ces bandes et taches se sont intensifiées de manière notable dans l’hémisphère sud, qui est passé par son solstice d’été en 1984 (si l’on devait traduire cela en temps terrestre, la planète serait actuellement en sa fin de mois de février, en plein été austral).
Voici deux images infrarouges prises par le HST en 2005, avec un filtre long-pass 850 nm, un peu plus long que ceux utilisés par les amateurs, mais de transmission comparable niveau détails. La planète est orientée avec le pôle sud vers le bas. On voit très nettement ces bandes hétérogènes et autres taches sur l’hémisphère sud, ainsi qu’un limbe très brillant sur le pôle nord, alors en plein hiver.
Copyright: STScl
Le Pic du Midi est un observatoire professionnel qui a produit des images également très intéressantes sur Neptune. Certes elles sont moins résolues que celles de Hubble, mais elle le sont plus que celles des télescopes amateurs et sont une sorte d’échelon intermédiaire. Ici à droite, voici deux images prises à 11 ans d’intervalle avec le T1 mètre et un filtre infrarouge. Le pôle sud est en bas, vers la gauche. On y voit nettement des surbrillances irrégulières qui correspondent avec les bribes de bandes visibles sur les images HST.
Copyright : S2P/IMCCE/OMP. Observateurs : Lecacheux/Frappa (2002) et Colas/Delcroix (2013)
Les derniers résultats du monde amateur
Depuis août, on a vu des images amateur de Neptune qui semblent bien montrer également non seulement une surbrillance sur le pôle sud, mais peut-être bien des zones plus brillantes – un spot, ou des spots. Je commencerai par citer (à gauche) les résultats obtenus en août 2013 par une mission de la Société d’astronomie de Nantes au T620 d’Astroqueyras, qui a visiblement résolu la même surbrillance de l’hémisphère sud. Le télescope utilisé est encore de grand diamètre, mais on se rapproche des standards amateurs. Ici à gauche une image RVB, et une infrarouge, l’orientation est toujours la même. Image (c) Astroqueyras/SAN/Pellier/Valeau/Manach/Tortech/Paret/Noiret.
A présent, on peut citer des résultats proprement amateur, plusieurs observateurs ont obtenu des résultats cohérents avec des instruments de diamètre 355 mm. On rappelera d’abord l’image de Damian Peach de 2010 qui l’est tout à fait (c’est une image R+IR en dépit de la couleur), et cette année, Pete Gorczynski a été le premier (à ma connaissance), suivi par John Boudreau (avec un C11), Paul B. Jones, Steve Fugardi, Stefano Quaresima ou Paul Maxson. En particulier, un spot brillant semble se détacher, dont les coordonnées seraient L=10° et lat 45°S (mesure par Marc Delcroix). Voici certaines de leurs images (merci pour votre autorisation les observateurs et bravo!):
Ces spots et surbrillances correspondent plutôt bien avec les bouts de bande et les taches visibles sur les images professionnelles. Encore une frontière franchie par les amateurs ?