Après avoir traité du filtre IR-cut la dernière fois, voici un autre accessoire indispensable avec cette caméra couleur (… et toutes les autres…) : le correcteur de dispersion atmosphérique, ou CDA.
Le correcteur de dispersion atmosphérique est un accessoire qui permet de corriger la dispersion de la lumière des astres lorsqu’ils passent à travers notre atmosphère, qui agit comme un prisme. Cela fait déjà des années qu’on en parle donc je ne vais pas m’attarder sur son principe et son fonctionnement ; pour cela, vous pouvez vous référez sur le web à la fameuse page web de Jean-Pierre Prost ou bien au chapitre 4 du livre Astronomie planétaire, le passage consacré au CDA ayant été évidemment écrit par Jean-Pierre. Je vais ici présenter quelques tests réalisés avec le modèle proposé par la société Pierro Astro (merci au passage à Astrograph pour le prêt de ce modèle).
Ce modèle vise un très haut niveau de qualité et de finition, que ce soit au niveau de la qualité optique ou celle mécanique (vous pouvez vous reporter à la page du constructeur pour tous les détails). Par rapport à l’ancienne génération des CDA (qui n’est plus sur le marché aujourd’hui) un de ces intérêts principaux outre ses qualité intrinsèques est de permettre de faire évoluer la correction tout au long de la séance d’observation sans avoir à tourner en même temps la caméra ; en effet le sens de correction doit être vertical. L’autre avantage de ce correcteur est de posséder une excellente transmission dans l’Ultraviolet (selon Martin Lewis, 25 % d’UV par rapport à d’autres modèles !) ce qui est un avantage très sérieux pour faire des images de Vénus !
Mon idée ici était de faire quelques tests comparatifs avec/sans pour voir si cet accessoire est si indispensable qu’on le dit… :)
L’ASI224MC, avec et sans CDA
Le réglage du CDA est très simple avec une caméra couleur comme l’ASI224MC dans la mesure où la dispersion chromatique se voit sans aucun problème sur l’écran de l’ordinateur (en mode debayer bien évidemment). Il suffit de bouger les manettes et de faire disparaître le rouge au sud de l’image, et le bleu au nord. Avant de présenter les résultats, il faut commencer par rappeler la principale objection, ou interrogation, que l’on pouvait autrefois lire au sujet du CDA : c’est qu’en imagerie numérique, il est possible de corriger la dispersion des couleurs de manière informatique, en recentrant les trois composantes couleurs. Mais cette opération permet-elle vraiment de corriger le problème aussi bien ?
La figure ci-contre est une comparaison du résultat sur Mars avec l’ASI224MC entre (A) l’utilisation du CDA Pierro-Astro (B) une image sans CDA et (C) la même image qu’en B mais avec recentrage des couches RVB durant le traitement.
A la faible altitude à laquelle Mars se trouvait au moment de ces images (21°), le résultat est sans appel : seul le CDA permet de corriger correctement la dispersion chromatique. La différence est flagrante quand on regarde le bord de la calotte polaire sud, tout juste perceptible en bas de l’image, et qui apparaît nette et blanche en A, mais floue et très rouge en C malgré le recentrage informatique. Ce résultat est d’autant plus remarquable que la turbulence était assez forte, ce qui montre que le CDA permet d’améliorer les images même dans de mauvaises conditions.
La raison de l’échec du recentrage informatique à bien corriger cette aberration est connue : c’est que la dispersion des couleurs existe non seulement entre couleurs mais au sein même des bandes de couleurs, en particulier la bleue. C’est pour cela qu’on ne voit pas bien la calotte sud en (C) et ce problème-ci est impossible à corriger durant le traitement : il est définitif !
Notons au passage l’intérêt absolu qu’il y a à utiliser un CDA quand on est un observateur visuel, l’oeil étant bien évidemment incapable de procéder au recentrage des composantes couleurs…
Test avec le filtre bleu !
Pour bien le démontrer j’ai fait une comparaison avec/sans CDA Pierro Astro en utilisant cette fois un filtre bleu (pour l’occasion j’ai ressorti la caméra n&b PLA-Mx). Là encore l’intérêt du CDA se voit de façon flagrante en dépit de conditions d’observation encore plus difficile en fin de séance. En (1) filtre bleu avec CDA, et en (2) filtre bleu sans le CDA. L’image est bien plus nette avec le correcteur.
Je vous conseille également les pages suivantes qui présentent des tests en parfaite cohérence avec ceux conduits ici :
14 commentaires
Merci!
Salut Stéphane, c’est lié à la précision de la correction par les prismes. Plus le rapport F/D est court, et plus l’amplitude de mouvement nécessaire des prismes pour obtenir la bonne correction sera importante… les rapports F/D longs utilisés pour le planétaire permettent des mouvements plus courts et se gardent donc aussi une marge de manoeuvre plus importante quand les planètes sont très basses, comme sur Saturne et Mars en ce moment.
Salut Christophe,
merci pour le partage de tes articles, c’est un bon complement avec le livre…
Au sujet du CDA, c’est vraiment un outil incontournable et d’autant plus si on utilise une camera couleur, ce qui est dommage c’est le rapport FD qui doit etre important ce qui rends son utilisation difficile pour du ciel profond .
Et quelle est la raison de ce FD important pour l’utilisation du correcteur ?
Nagler seulement, pour le moment ;) Surtout le 31 mm.
Pour du visuel en grand champ c’est ça, avec des Ethos et cie ?
En 50,8 pas que pour les photographes ! Pour les observations visuelles aussi. Lorsqu’on a un télescope de 13 mètres de focale à disposition, ça fait envie :)
Bonjour Didier,
Logiquement, tous les astres sont affectés par ce problème et donc les objets du CP également. Tout va dépendre de l’altitude de l’objet et de la résolution utilisée. En très large champ, on ne verra peut-être pas la différence, en Halpha il n’y a pas de dispersion… par contre en luminance (spectre visible complet) ou en RGB avec un APN, et à un bon niveau de réso, il est probable qu’un ADC apporte un léger plus.
Bonjour Alain,
Dans cette situation un ADC donne un vrai plus. Mais avec ta caméra (j’ai la même), la solution la plus directe pour améliorer les images est de photographier en rouge/infrarouge, des longueurs d’onde moins affectées par la turbulence et qui ne vont pas forcément nécessiter un ADC. Donc tu dois acheter un ou plusieurs filtres. Je te conseille les Baader RG610 (rouge et infrarouge) ou 685 (infrarouge seul).
Bonjour,
ça veut dire que même les objets du ciels profond devraient utiliser un ADC ?
Bonsoir christophe Pellier.
Merci pour l’info toujours très utile, j’ai profité fin Juillet de quelques nuits étoilées pour m’initier à l’imagerie planétaire avec Mars et Saturne j’ai précédemment réussi de belles images de Jupiter, mais cette fois-ci il en va tout autrement Mars et Saturne apparaissent sur l’écran de l’ordi très instables avec un manque de netteté, que puis-je faire pour améliorer cela, j’utilise une caméra CCD PLA-MX et un télescope Skywatcher de 200/1000 sans filtres.
Cordialement.
Bonne question. A mon avis un tel produit n’arrivera sur le marché que si les photographes du ciel profond décident qu’ils en ont besoin…
Impressionnant d’efficacité ! Merci pour le test.
À quand une version en 50,8 ? :)
Bonjour Philippe, oui, en fait il est intéressant pour tous les astres dès lors qu’on passe à un haut niveau de résolution. Donc pour la Lune c’est le cas si on la filme en couleur par exemple.
Superbe démonstration.
Encore plus indispensable dans les prochaines années.
Je me pose une question. Est t’il également d’un intérêt pour les acquisitions sur la Lune?
Merci
Philippe